(article rédigé fin janvier 2015)
Journal intime – Guerre 39-45
« Cher journal,
Toi à qui je parle comme à mon meilleur ami même si je sais que tu n’es qu’un tas de feuilles que l’on a assemblées, sans vie ni âme. Toi à qui j’ai confié mes angoisses, mes peines et mes joies. Toi qui connais toutes les atrocités de la guerre parce que je te les ai décrites. Jamais tu ne pourras imaginer ce que je ressens en ce moment. J’ai comme une boule coincée au fond de la gorge et je ne peux plus rien dire : je n’ai que la force de pleurer! Ce que je viens de vivre est un véritable enfer : comme si tous les souvenirs que j’avais voulu faire sortir de ma mémoire revenaient pour me hanter. Je pensais avoir enfin réussi à me blinder à force de voir ces tueries et cette cruauté, toutes ces choses qui n’ont aucun sens et qui pourtant existent. Mais, la Guerre est en moi et je ne peux plus m’en défaire! Même mes petits – enfants me la rappellent! En jouant avec les pierres que j’avais ramassées sur chaque lieu de bataille où les morts ont été comptés par milliers, ils m’ont remémoré tout ce que j’y avais vécu et qu’ils n’ont heureusement pas connu : tous ces blessés qui jonchaient le sol parce qu’ils avaient combattu pour leur patrie. Durant la guerre, je travaillais comme infirmière et je voyais tous ces hommes qui n’avaient aucune chance de survivre, ceux qui n’avaient plus le pouvoir de jouir de leurs membres et ceux qui se suicidaient ne pouvant plus supporter la souffrance…la détresse dans leurs yeux. Je demeurais impuissante face a ces vies gâchées, comme je l’ai fait devant la chambre de Louis et Margot, réduite à un champ de bataille. Je n’avais jamais pleuré devant eux, ce fut la première fois. Sans doute n’ont-ils rien compris de ce qui se passait mais, c’est sûrement mieux ainsi. Arriverais-je à leur raconter? »
Image extraite du film « La guerre des boutons »
Bonjour à tous, bien étrange entrée en matière, me direz-vous, pour une ostéopathe!
Sachez qu’il s’agit, en quelque sorte, d’une présentation. Je m’explique : le texte que vous venez de parcourir a été écrit par mes petites mains, il y a de cela quelque années (j’étais alors âgée d’une petite dizaine d’années). Je vous livre donc ici une partie de moi ainsi qu’un point de vue fictif sur notre Histoire commune pour amener quelques réflexions personnelles qui, je l’espère, éveilleront des émotions et des interrogations en vous.
Vous y aurez bien évidemment reconnu la 1ère phrase du célèbre « Journal d’Anne Franck »…
Effectivement, en cette période de 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz, je suis tombée par hasard sur cette rédaction en faisant du tri dans mes affaires d’écolière afin d’assainir mes placards et d’y voir plus clair. Car ranger son intérieur peut aider également à ordonner ses idées. Drôle de coïncidence avec l’actualité, n’est-ce pas? Forte de cette trouvaille, je souhaitais donc faire appel à nos Mémoires. Et vous livrez mes questionnements à ce sujet. Mes questions seront donc volontairement ouvertes, libres à vous de les laisser en suspens, de tenter d’y réfléchir, ou bien même d’y répondre. Seul(e) ou à plusieurs.
Qu’est-ce que la Mémoire?
En quoi consiste ce que l’on nomme « devoir de mémoire »?
Pourquoi est-ce important de la perpétuer?
Comment la Mémoire, vivante, peut-elle s’entretenir et se transmettre?
Et enfin…Quelle est l’importance de la Mémoire pour notre Santé?
En tant qu’ostéopathe et aromathérapeute, je ne peux envisager la Santé que comme un Tout : un état d’équilibre psychique, physique et environnemental.
Sur ce, je vous laisse et reviens très bientôt pour de nouveaux articles.
Diane Le Berre
Ostéopathe D.O. & Aroma-olfactothérapeute