Santé

Pourquoi « Je ne sais pas » n’est pas une réponse suffisante en tant que thérapeute ?

Parfois, en tant que soignant, bien que mû par l’envie d’accompagner au mieux le patient dans son cheminement vers l’amélioration de sa santé, il arrive de se sentir démuni et en manque de réponse à apporter. La phrase « Je ne sais pas. » peut alors être prononcée. Pour autant, pour le patient comme pour le praticien, il semblerait dommage d’en rester là.

« Je ne sais pas… » est un début !

C’est une étape très importante et un cap à franchir, en tant que thérapeute, que d’exprimer, quand cela s’avère nécessaire et de la manière la plus juste, par exemple, une incompréhension ne permettant pas d’aboutir à l’établissement d’un diagnostic étayé et/ou la mise en pratique d’une prise en charge adaptée.

Plutôt qu’une fin en soi, la phrase « Je ne sais pas. » constitue alors une amorce vers autre chose au sein d’une approche thérapeutique impliquant sincérité, connaissance/respect de ses limites et prise de recul.

En effet, « Je ne sais pas. » peut être dit par le thérapeute pour de multiples raisons qu’il peut être judicieux de présenter simplement au patient, renforçant ainsi une relation de partenariat active co-créée avec lui.

Voici quelques situations orientées « solutions » permettant le développement de la collaboration patient-soignant et l’exploration de suites possibles à la phrase « Je ne sais pas. » formulée par le thérapeute :

  • « Bien que vous veniez de me poser une question dont j’ai conscience qu’elle me semble vous tenir à coeur [ex. : « Quand, exactement, vais-je me sentir mieux? »], je ne peux vous donner de réponse absolue car cela dépend de différents facteurs allant au-delà de mon unique champ de maîtrise. Souhaitez-vous partager avec moi les éventuelles craintes ou difficultés qui vous amènent à poser cette question? » -> Mise en évidence d’un besoin de réassurance du patient;
  • « J’ai la sensation de passer à côté d’informations essentielles pour pouvoir bien vous soigner. Peut-être pourriez-vous m’en dire un peu plus au sujet de […] afin de m’aider à y voir plus clair? » -> Eclairage sur la nécessité d’approfondir une anamnèse en accompagnant la parole et la transmission d’informations par le patient et/ou son entourage;
  • « J’ai l’impression de plafonner par manque de connaissances/compétences/expérience par rapport à ce que je m’estime en capacité de vous apporter en matière de soin. Comment envisagez-vous les choses de votre côté? » -> Ciblage et présentation des limites du thérapeute + ouverture au positionnement du patient en tant qu’acteur de son bien-être et sollicitation en tant que force de proposition;
  • Etc.

« Je ne sais pas… » et je vais creuser la question pour en savoir plus !

Lorsqu’un thérapeute « ne sait pas » quelque chose et s’en ouvre au patient face à lui, s’en suit assez logiquement un temps de recherche, immédiat ou différé, pour en savoir davantage et l’en informer.

Cette recherche immédiate peut consister en :

  • des questionnements plus spécifiques directement adressés au patient,
  • une consultation rapide de sources d’informations fiables accessibles tels que des livres, des contenus de formations précédemment suivies ou des sites internet spécialisés,
  • une brève demande effectuée auprès d’un tiers, partenaire de santé en lien avec le patient.

Si le temps nécessaire est plus long, la recherche différée peut prendre la forme :

  • d’auto-formation sur les thématiques correspondant au besoin du thérapeute en matière d’amélioration de ses connaissances/compétences/expérience (ex. : points sur l’état et les avancées de la recherche, lectures plus poussées, conférences, etc.),
  • de formation continue, en ligne ou en présentiel, auprès de professionnels de son domaine d’expertise initial ou via des approches plus transversales s’adressant à des professionnels partageant des intérêts communs.
  • échanges, partages, analyses de pratique, supervision et/ou intervision.

« Je ne sais pas… » et je réoriente vers des personnes qui pourraient en savoir plus !

Un thérapeute peut exprimer un « Je ne sais pas. » lorsqu’il ressent que la prise en charge du patient, potentiellement au niveau des savoirs, savoirs-être et savoirs-faire, semble sortir de son champ de connaissances/compétences/expérience mais que celle-ci pourrait relever du champ de connaissances/compétences/expérience d’un autre thérapeute.

Afin que le patient ne soit pas laissé en suspens et que cela n’entraîne pas pour lui une perte de chance ou un retard de prise en charge thérapeutique adaptée, il est bon de connaître son propre cadre de pratique et d’avoir une idée assez précise de ceux correspondants aux autres thérapeutes que le patient pourrait être amené à consulter pour sa santé.

Et pour cela, même en tant que thérapeute en exercice solo pratiquant des consultations individuelles, il est capital de se renseigner sur le champ des possibles et communiquer efficacement avec les divers acteurs de santé existants autour du patient pour le réorienter à bon escient.

« Je ne sais pas… Et ensuite ? »

En résumé, lorsqu’un thérapeute opte pour la phrase « Je ne sais pas. » qui est tout à fait audible et acceptable en tant que telle, il a tout intérêt à :

  • dire clairement au patient le pourquoi de ce constat,
  • faire le point sur l’étendue de « ce qu’il sait » malgré cela,
  • et déterminer sa marge de manoeuvre réellement accessible,

pour agir en conséquence.

Diane Le Berre

Ostéopathe D.O & Praticienne en aroma-olfactothérapie


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